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L’oiseau qui mangeait les nuages

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Texte et  illustrations

Sophie Dri-Desprez

Pour Agathe

Pour Luciano

À la fin de l’hiver, d’entre les racines des grands hêtres, au cœur des plus profondes forêts, surgit un petit oiseau bleu au plumage éclatant comme un ciel d’été.

Il s’extirpe de l’humus où était enfoui l’œuf que sa maman avait délicatement déposé au tout début de l’automne précédent puis bien recouvert d’une épaisse couche de bonne terre brune, légère et odorante, pour le mettre à l’abri des grands froids qui règnent pendant les jours les plus sombres de l’année.

Pressé de naître pour voir le ciel, il se guide au bruit que fait la sève dans les racines de son arbre-demeure.

..... tchiiiiiiip

............puiiiii

.... piiiip ....

Dès l’instant où il surgit de sa coquille, qu’il fasse jour ou que ce soit la nuit noire, sa joie d’être au monde est telle qu’il lance en l’air de faibles encore mais doux trémolos de bonheur ! 

À ces joyeux sons, tous les habitants de l’arbre se mettent à frissonner, s’étirent, bâillent, se dépelotonnent pour s’extirper des doux nids, cachettes, creux et trous où ils viennent de passer les plus durs moments de l’hiver.

Aussitôt, l’oiseau qui a très faim se met à grimper... grimper... grimper... tout en haut de l’arbre et s’installe chez lui. Là, il découvre l’immensité du ciel et délicatement apprend à s’en repaître.

Enivré d’air, il se met à chanter et de plus en plus chaque jour ! Il chante tant et tant qu’il réveille le vent du ciel. À son tour, le vent s’étire très loin et mugit... Aussitôt les nuages se mettent à danser, d’autres s’assemblent, tous remuent et l’oiseau bleu dans son vol les happe goulûment.

Jour après jour, il mange les nuages et jour après jour le ciel redevient bleu.

Son aide et son amitié sont indispensables à l’oiseau bleu car l’écureuil surveille les couleurs du ciel.  S’il n’était pas là, l’oiseau, si gourmand de nuage, ne verrait pas le bleu envahir peu à peu la totalité du ciel !

Dans son arbre-demeure, l’oiseau vit en compagnie de son voisin l’écureuil.

Non ! Il ne verrait rien ! Tout occupé à se délecter des gros nuages gris, des ronds nuages blancs, si bons !

Son ami l’écureuil est là pour surveiller les couleurs sur l’horizon quand le soleil se lève et quand il se couche...  Il lui indique quand il faut s’arrêter de manger pour laisser vagabonder quelques beaux nuages dans l’azur. Il ne faudrait pas que l’oiseau bleu les avale tous ! C’est si rafraîchissant un peu d’ombre et de pluie en été...

Et surtout, les deux amis aiment regarder les nuages ensemble et apercevoir des formes merveilleuses dans leurs contours changeants !

En remontant du plus bas où elle vient de passer l’hiver,la sève grimpe lentement dans les vaisseaux du boisen faisant un discret pétillement continu.D’autre fois, les craquements des premiers perce-neige,brisant la croûte gelée pour éclore,l’invitent à sortir de l’œuf.

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Juin 2022

Fin

À la fin de l’hiver, d’entre les racines des grands hêtres, au cœur des plus profondes forêts, surgit un petit oiseau bleu au plumage éclatant comme un ciel d’été.

Son aide et son amitié sont indispensables à l’oiseau bleu car l’écureuil surveille les couleurs du ciel.   S’il n’était pas là, l’oiseau, si gourmand de nuage, ne verrait pas le bleu envahir peu à peu la totalité du ciel !